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CHAPITRE X.

parler, il fallait bien qu’il y eût quelque chose de réel derrière le labeur exagéré de cette lutte. La souffrance, à tout le moins, était vraie. Il suffisait, pour s’en convaincre, de regarder les traits ravagés de Montalt, et cette main qui sortait, sanglante, de sa poitrine déchirée.

Il y a des ressemblances étranges, des rapports tout gros de souvenirs, où l’esprit vient se heurter à l’improviste, et qui font renaître au vif l’angoisse, morte depuis des années…

Montalt, qui passait sa vie dans un sophisme perpétuel, reniant ce qu’il aimait, exaltant ce qu’il méprisait, Montalt, le contempteur acharné de la vertu, de l’honneur, de l’amour, devait avoir à l’âme une blessure envenimée.

Cette philosophie qu’il s’était faite ne lui allait point. Le froid scepticisme jurait dans sa bouche, où l’on n’eût deviné que des paroles généreuses et chevaleresques. Il se mentait à lui-même, ou bien il poursuivait la vengeance insensée des cœurs déçus…

Tout en lui semblait provenir d’une réaction funeste, et poussée jusqu’à ses plus extrêmes conséquences. Cet homme avait dû adorer passionnément tout ce qu’il conspuait désormais.

On aurait pu reconstruire son passé rien qu’avec ses haines.

Il y en avait une, puérile en apparence et