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LES BELLES-DE-NUIT.

ou les ressorts de leur âme. Vous les verrez bondir à l’attaque ou demeurer fermes à la défense, comme ces grandes roches que la mine déchire, mais ne peut point ébranler.

Si l’occasion n’arrive pas, ils se lasseront en des batailles imaginaires ; ils dépenseront à plier un roseau la puissance qu’il faudrait pour déraciner un chêne.

Montalt était un de ces cœurs robustes et fougueux qui se laissent engourdir par l’indolence découragée. Il ne savait plus où allait sa vie. S’il s’éveillait parfois, c’était pour prodiguer sa force en des luttes vaines.

Il venait de soutenir le plus épuisant combat qu’il eût affronté jamais. Pendant de longues heures, il s’était forcé à rester froid, calme, souriant, avec l’enfer dans le cœur…

Mais pourquoi cet effort gigantesque ? Était-ce une gageure folle tenue contre lui-même ? Et cette souffrance, d’où venait-elle ?

Avait-il, à savoir toutes ces aventures racontées par Robert, un intérêt assez grand pour compenser son martyre ?

À cette question, il n’aurait pu répondre lui-même peut-être, car tout était ténèbres et doute au fond de son esprit.

Pourtant, à faire même largement la part de cette tendance bizarre dont nous venons de