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LES BELLES-DE-NUIT.

la pâleur qui était maintenant sur son visage pouvait certes provenir de la fatigue, car l’histoire durait depuis bien longtemps.

C’était toujours ce front tranquille et fier, sans rides, comme le front d’un jeune homme.

Rien n’avait changé, ni dans son attitude, ni dans l’expression de sa physionomie.

Seulement, ses yeux baissés ne se relevaient plus, et sa main s’était plongée sous sa chemise ouverte.

Aux beaux moments du récit, alors que l’éloquence de Robert atteignait à son comble, on voyait cette main s’agiter imperceptiblement à travers l’étoffe des habits de Montalt.

Cette dernière nuit de Penhoël, cette nuit sombre et pleine d’épouvante, où René avait levé l’épée sur Madame, fut racontée par Robert avec une sorte d’enthousiasme.

L’auditeur le plus froid eût donné là quelque signe d’émotion. Il n’en fut pas de même de Montalt.

Sa respiration resta égale et calme. Il ne fronça les sourcils qu’une seule fois, et encore si faiblement ! Ce fut lorsque Robert lui montra Madame, se traînant aux pieds de son mari, et demandant grâce pour la mémoire de l’absent…

— Elle aimait donc encore ce frère absent ? murmura le nabab.