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CHAPITRE IX.

« Il faut vous dire que ce pauvre diable de Montaigu avait bien quelque répugnance à mener ce métier-là ; mais, outre que nous ne laissions jamais un louis dans sa caisse, il croyait se venger ainsi de son coquin de frère, car je l’avais endoctriné admirablement. Le frère, après avoir fait la sottise de s’en aller, avait fait la sottise de revenir, un beau jour, bayer aux corneilles sous les murailles du manoir.

« La date de cette romanesque visite correspondait justement avec la naissance de l’Ange. Comme bien vous pensez, je n’étais pas homme à négliger cette coïncidence…

— Je m’en fie à vous !… dit Montalt, au front duquel brillaient quelques gouttes de sueur, amenées là sans doute par la chaleur croissante qui régnait dans le jardin ; vous fîtes croire à notre homme que l’Ange n’était point sa fille…

— Précisément !… Et le voilà de plus en plus enragé contre son pauvre frère qui n’en pouvait mais.

« Dès ce moment l’affaire eût été dans le sac, si nous n’avions rencontré sur nos pas un obstacle d’un genre assez fantastique.

« Pardieu, milord, nous sommes dans le pays des lutins, il faut bien que mon récit contienne quelques diableries.