Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
CHAPITRE IX.

dit-on, puissamment riche, et dont j’espère bien hériter quelque jour…

— Vous êtes un homme admirable !… dit le nabab.

— Merci bien !… Je vous parle de l’oncle d’Amérique, parce que la lettre lui était adressée.

Un imperceptible tressaillement agita la face de Montalt, qui baissa les yeux, comme s’il eût craint, cette fois, de croiser son regard avec celui de Robert.

— Quel crime innocent… mon cher lord ! s’écria ce dernier, et que de tonneaux de larmes, pourtant, versées à l’occasion de ce crime comme on n’en fait plus !… Vous diriez une page mouillée des pleurs de trois cents grisettes et arrachées à un roman puéril et honnête de ce bon M. Ducray-Duménil !… Figurez-vous deux enfants bien élevés, qui cueillent le fruit défendu en tremblant et qui se voilent ensuite la face, ne sachant comment faire pénitence de cet horrible péché !…

Il s’interrompit pour rire de tout son cœur. Il était ivre.

— Ah ! ah ! ah ! continua-t-il en se tenant les côtes ; n’est-ce pas que c’est drôle ?… Et du drame, corbleu, dans ce paradis terrestre !… Ève aimée par les deux frères… L’aîné qui la cède au cadet… En voilà un présent !… Et le cadet épousant