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LES BELLES-DE-NUIT.

croire parfaitement dans l’esprit du nabab.

Celui-ci l’accueillait à merveille et semblait faire grand cas de lui.

Néanmoins, il y avait des nuances, qu’un observateur très-clairvoyant aurait pu saisir à la volée, et qui eussent donné à penser que Robert n’avait pas bien serré le bandeau sur les yeux de son nouvel ami.

Montalt le tenait toujours un peu à distance. On eût dit parfois que, sans effort et d’un seul coup d’œil, il avait percé à jour toutes les habiletés de M. le chevalier de las Matas, et que c’était là encore pour lui une manière de passer le temps, une sorte d’étude qu’il faisait tranquillement et à son aise.

Le chevalier posait devant lui, travaillait, s’efforçait, nouait artistement les fils de son intrigue.

Montalt se divertissait à le regarder.

Mais les observateurs se trompent souvent à force d’écarquiller leurs yeux pour tout voir ; peut-être n’y avait-il rien de tout cela chez Montalt.

C’était un esprit paresseux, un cœur lassé. Une étude de ce genre, qui eût presque supposé le don de seconde vue, n’aurait pu que fatiguer sa molle indolence.

Aussi, M. le chevalier de las Matas, qui était