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LES BELLES-DE-NUIT.

comme pour la défendre contre la torture qui l’accablait.

Dans ce mouvement, elle sentit un objet résistant sous l’étoffe légère du tablier de sa sœur.

— Qu’est-ce que cela ?… s’écria-t-elle.

Cyprienne, réveillée par cette exclamation, porta la main à la poche de son tablier.

Et aussitôt, vous l’eussiez vue bondir sur les pieds, joyeuse et ranimée.

— De l’argent ! de l’argent !… s’écria-t-elle. Merci, sainte Vierge ! vous avez eu pitié de nous !

— De l’argent !… répéta Diane étonnée.

Cyprienne ouvrit la main devant le regard avide de sa sœur.

Elles tombèrent dans les bras l’une de l’autre.

Vous ne les auriez point reconnues. C’était la gaieté vive de leurs jours de bonheur. Que le désespoir était loin d’elles ! Avaient-elles seulement désespéré ?…

Leurs joues se coloraient ; leurs yeux pétillaient.

Elles étaient jolies comme autrefois, quand le plaisir animait leurs gracieux visages dans le salon de verdure de Penhoël.

Aussi, quel trésor pour elles, qui étaient venues chercher à Paris cinq cent mille francs, afin de racheter le manoir !… Trois gros sous, glissés dans la poche de Cyprienne par le pauvre sol-