Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/91

Cette page a été validée par deux contributeurs.
89
CHAPITRE XIX.

sommes gens à tirer les marrons du feu pour nous laisser ensuite mettre à la porte comme des enfants ?

— Le marquis est un fameux lapin, M. Robert !… dit l’ancien uhlan avec emphase ; et s’il mange les marrons à lui tout seul, vous devez encore vous estimer heureux qu’il veuille bien vous en jeter les pelures !…

— C’est ce qu’il faudra voir !…

— C’est tout vu !… Pour en revenir, Pontalès m’a chargé de vous dire qu’il a besoin de son manoir de Penhoël… et qu’il serait flatté de vous voir disparaître ce soir même.

— Il faut que le brave homme soit tombé en enfance ! murmura Robert qui véritablement ne comprenait rien à cet acte d’hostilité brutale. Le manoir est à nous bien plus qu’à lui… Nous possédons des contre-lettres dont les doubles se trouvent entre les mains de maître le Hivain.

— Les doubles, et les originaux aussi…, riposta Bibandier.

— Du tout !

— Si fait ! c’est moi-même qui ai crocheté votre secrétaire ce soir… Pas de jeux de mains, M. Robert, ou j’introduis dans la discussion un argument nouveau.

Sa main droite, qui était passée sous le revers