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CHAPITRE XVI.

pouvait point deviner, faisait diversion à l’angoisse de Marthe, qui s’effrayait et qui disait :

— Que voulez-vous de moi, monsieur ?… Laissez-moi !… laissez-moi !…

René ne répondait point et la forçait toujours de suivre son pas incertain le long du corridor.

Personne ne se montrait sur leur route. Durant cette soirée on eût dit que ce qui restait d’hôtes au manoir affectait de se cacher.

On n’avait vu ni Pontalès, ni l’homme de loi, ni Robert, ni Blaise…

René fit traverser à sa femme le corridor entier, et descendit avec elle le grand escalier du manoir. Il s’arrêta devant la porte du salon qu’il ouvrit.

— Entrez, dit-il.

Le salon était éclairé par une seule lampe qui brûlait sur une table, à côté d’un verre et d’un flacon vides. C’était là que Penhoël avait passé sa soirée.

Marthe fit quelques pas dans le salon et tomba épuisée sur un siége.

René agita une sonnette.

— De l’eau-de-vie !… cria-t-il de loin au domestique dont les pas se faisaient entendre au dehors.

Le domestique s’éloigna, et revint l’instant d’après avec un nouveau flacon d’eau-de-vie.