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CHAPITRE XVIII.

hoël… Roger, notre fils d’adoption… puis, Robert de Blois, ajouta-t-il en parlant plus bas, et Lola… pourquoi nous ont-ils quittés tous ensemble ?…

Il s’interrompit, et son corps eut un frémissement.

— Oh !… fit-il en un long soupir, voilà que je me rappelle !

Il se leva. Son ivresse récente avait laissé peu de traces. Il y avait en ce moment sur son visage pâli un reste de noblesse.

— Je me souviens…, reprit-il ; c’est l’heure où Penhoël doit quitter pour jamais la maison de son père !

Marthe demeurait immobile et froide. Ces émotions tristes, mais calmes, étaient trop au-dessous des angoisses qui l’avaient brisée. L’oncle Jean, au contraire, était affecté profondément.

— Je suis bien vieux…, pensa-t-il tout haut, et je croyais mourir avant de voir cela. Allons, mon neveu, l’heure est sonnée !… Que Dieu vous donne le courage de ce dernier sacrifice !…

René fit un pas vers la porte, mais sa tête qui se dressait avec fierté se courba de nouveau. Il venait de heurter du pied les débris de ce cadre brisé qui contenait naguère le portrait du fils aîné de Penhoël.