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CHAPITRE XVII.

pas… Mon Dieu ! si la voix de quelque génie m’avait dit : « Veux-tu donner ta vie tout entière pour une semaine de bonheur… une semaine pendant laquelle on te rendra tendresse pour tendresse ?… » Oh ! Marthe, comme j’aurais donné ma vie !…

Marthe baissait les yeux.

— Ma fille !… dit-elle tout bas ; vous ne me parlez pas de ma fille !

René se leva une seconde fois, et repoussa son fauteuil qui roula jusqu’au milieu du salon.

— Fou que je suis !… s’écria-t-il tandis que la colère empourprait de nouveau la tache ardente qui brûlait au milieu de sa joue pâle ; il faut que cette femme me rappelle à moi-même ?… Sa fille, n’est-ce pas ? poursuivit-il en menaçant du poing le portrait de son frère ; sa fille à lui, le menteur et le lâche !… Pas un mot, madame !… Par le nom de Dieu, je ne veux plus vous entendre !… Oh ! je suis tombé bien bas… Le fils de Penhoël est pauvre maintenant comme les mendiants qui viennent chercher l’aumône à la porte du manoir… Le fils de Penhoël n’a plus d’asile… Et ce n’est pas le malheur seulement qui pèse sur sa tête… Il y a aussi la honte !… Si les gens qui l’ont ruiné n’ont pas pitié de lui, le nom de son père sera traîné dans l’infamie… Et savez-vous qui a poussé René de Penhoël