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LES BELLES-DE-NUIT.

Avant de passer l’eau, il jeta un dernier regard vers la maison de son père et cacha son visage entre ses mains.

Le nom de Marthe tomba de ses lèvres.

Il appela Benoît Haligan, qui ne le reconnut point, peut-être parce que le haut collet de son manteau de voyage remontait jusqu’au bord de son chapeau.

Louis avait fait bien des centaines de lieues pour venir visiter son frère ; il repassa la mer, et depuis on ne le revit plus.

Marthe donna le jour à l’Ange de Penhoël.

En regardant sa fille, René se disait parfois que Louis était peut-être resté plus d’une nuit dans les environs du manoir.

Mais il avait honte de lui-même lorsqu’il pensait cela ; et pendant longtemps, pour calmer ses craintes folles, il lui suffit de contempler un instant la sereine et pure beauté de Marthe.

Les choses furent ainsi jusqu’à ce soir d’orage qui amena au manoir M. de Blois, son domestique Blaise et Lola.

Ce fut la ruine et la malédiction de Penhoël. Robert s’insinua dans la confiance du maître et domina bientôt à sa guise cet esprit trop faible pour lui résister. Robert était un homme habile et savait surtout prendre d’assaut le secret le mieux gardé. Dès qu’il devina la jalousie de