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LES BELLES-DE-NUIT.

Narcisse, se mourant à contempler sa propre image.

Bibandier resta un gros quart d’heure devant sa glace, s’admirant de bonne foi et se faisant à lui-même des mines fort agaçantes.

Puis il serra les trésors de son teint dans sa petite cassette, et attendit ses deux compagnons de pied ferme.

Quand ceux-ci revinrent, ils le trouvèrent la canne et le chapeau à la main, ganté de frais, orné d’épingles d’or, de chaînes d’or et de breloques. Son costume éblouissant se complétait par un habit de drap violâtre, à reflets lilas, qui chatouillait l’œil de la plus séduisante façon.

Il était laid à se montrer pour de l’argent.

Nos trois seigneurs sortirent de l’hôtel. Le temps était sec et très-froid. Ils gagnèrent à pied les Champs-Élysées où ils avaient commandé un équipage.

La nuit se faisait. Les Champs-Élysées étaient déjà presque déserts. Seulement, au tournant de l’avenue Gabrielle, deux petites chanteuses des rues s’étaient établies entre deux chandelles, dont le vent tourmentait la flamme fumeuse, et disaient des chansons en s’accompagnant de la harpe.

En passant devant elles, Blaise, qui parlait avec action, renversa du pied une des deux