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CHAPITRE II.

ra-t-il ; il n’y a pourtant pas moyen de se présenter comme cela !… ajouta-t-il en lançant une œillade amoureuse à son miroir, je suis rouge comme un homard… Et c’est très-mauvais genre !

Il regarda tout autour de lui d’un air inquiet, et poussa discrètement les verrous des deux portes ; puis il prit dans son secrétaire une petite cassette, fermant à clef, qu’il ouvrit.

Dans cette cassette il y avait une grande quantité de tampons de soie et de pots de fard, rangés en bon ordre.

Bibandier en saisit un qui contenait du blanc végétal, et revint sur la pointe des pieds vers son miroir.

Un tampon de soie tout neuf fut trempé dans la liqueur réparatrice, et l’ancien uhlan, le sourire aux lèvres, étendit sur son visage une couche d’intéressante pâleur.

Pour qui l’eût connu autrefois en Bretagne, alors qu’il couchait dans son trou de la lande de Bains et qu’il se contentait de ses misérables haillons, cette coquetterie soudainement venue aurait pu paraître curieuse.

Mais Bibandier avait pris fort au sérieux son rôle nouveau de gentilhomme, et pour trouver un terme de comparaison qui lui fût applicable, besoin serait de remonter jusqu’au pauvre beau