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CHAPITRE II.

— Tu songes encore à cela, toi ?… s’écrièrent ensemble Blaise et Bibandier.

— Je ne songe qu’à cela !… répliqua Robert. Peste ! mes fils… vous oubliez que c’est l’héritage légitime de ma chère petite femme… J’y tiens énormément… et si vous aviez du cœur, vous y tiendriez autant que moi… Ne serait-ce pas charmant de corriger, mais là, sévèrement, ce vieux routier de Pontalès ?

— Pour ça, dit Blaise, il nous a joués d’une polissonne de manière !

— Quand je songe au sourire narquois qu’il avait en me mettant à la porte…, appuya Bibandier, vrai ! ça m’a été plus sensible que s’il m’avait seulement traité comme vous deux !… parce que mon fort à moi, comme vous savez bien, c’est la délicatesse.

— Vengeons-nous !… s’écria Robert, rachetons Penhoël !

— Qu’en dis-tu, toi, l’Endormeur ?… demanda Bibandier ; moi, le pays me plaît assez…

— Un pays de Cocagne !… murmura Blaise ; quelle bonne vie nous faisions dans ce manoir, l’Américain et moi !

— Il y aurait où nous mettre tous trois, reprit Robert ; tous trois à l’aise… et une fois là, quelles croupières nous taillerions à M. le marquis !… Une chose certaine, c’est que les paysans