Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/206

Cette page a été validée par deux contributeurs.
204
LES BELLES-DE-NUIT.

— Si c’est une idée à moi, jugez-en, reprit Robert ; cet objet mystérieux dont je vous parle il l’approcha de sa bouche et l’on entendit un petit bruit sec comme s’il eût cassé un morceau de sucre avec ses dents… L’instant d’après il revint et dit au banquier :

« — Je n’ai pas d’argent sur moi, voulez-vous m’escompter cela ? »

Robert s’arrêta.

— Et qu’est-ce que c’était que cela ? demandèrent Blaise et Bibandier.

— Cela, c’était un petit morceau de stras, comme dit M. le baron, sur lequel le banquier du cercle des étrangers compta soixante-sept billets de mille francs à Berry Montalt… Sonne un peu, l’Endormeur, et dis qu’on apporte du vin chaud… nous avons à causer de nos affaires aujourd’hui… et il faut tâcher d’en causer le plus gaiement possible.

— Ça va-t-il durer beaucoup ? demanda le baron Bibander qui dirigeait vers ses deux oreilles les bouts aigus de sa flamboyante cravate.

— N’avons-nous pas de temps ?… répliqua Robert.

— C’est que…, dit l’ancien uhlan avec un joli sourire de jeune fat, j’ai reçu ce matin de mon coquin de tailleur une polonaise dans le dernier goût… J’aurais voulu me montrer un