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CHAPITRE PREMIER.

me cherchait parfois pour m’entretenir en secret ?

— Si…, dit encore l’Ange.

— C’est que j’étais son confident, mademoiselle… Je savais combien elle souffrait, la pauvre sainte femme ! Je tâchais de la consoler, mais je n’ai pas pu la défendre…

— Mon Dieu !… mon Dieu ! murmura l’Ange, qu’est-il donc arrivé à ma mère ?…

— Le maître de Penhoël a vendu petit à petit ses métairies, ses moulins, son manoir…, répliqua Robert à qui la vérité donnait ici une grande force de persuasion ; Pontalès lui a tout acheté… Pontalès qui se disait son ami !… Et votre bonne mère qui a confiance en moi, mademoiselle Blanche, m’a prié de vous conduire à Rennes où elle viendra vous retrouver.

Blaise, qui trottait en avant, s’émerveillait qu’on pût dépenser tant de bonne fourberie tout exprès pour se mettre sur les bras une petite fille pleurnicheuse et malade, une héritière ruinée, une bouche inutile, s’il en fut jamais !

— Mais, demandait l’Ange, pourquoi ma mère ne m’a-t-elle pas conduite elle-même ?

L’Américain baissa la voix comme pour faire une grande confidence.

— Pauvre demoiselle !… répliqua-t-il, c’est qu’il fallait vous défendre contre votre père !