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CHAPITRE PREMIER.

devons faire connaître aussi au lecteur, semblait peine sortie de l’enfance. À l’hôtel des Quatre Parties du monde, on n’avait fait que l’entrevoir au moment de l’arrivée. Depuis lors, elle n’avait pas quitté sa chambre une seule fois.

Elle était souffrante, sans doute, et c’était la camériste de madame la marquise qui seule avait le droit de lui donner des soins.

Les gens de l’hôtel parlaient quelquefois entre eux de cette jeune dame autour de qui tombait comme un voile mystérieux. Bien qu’on ne l’eût aperçue qu’une seule fois, chacun se souvenait de sa beauté douce et vraiment exquise. En traversant les corridors pour se rendre à cette chambre reculée qu’elle ne devait plus quitter, sinon pour suivre la marquise à sa nouvelle habitation, la pauvre enfant avait l’air bien triste. Son visage pâle exprimait l’abattement et l’effroi.

On avait pu penser d’abord qu’elle était la jeune sœur de la marquise, mais leurs physionomies présentaient un entier contraste, et d’ailleurs le teint blanc et la blonde chevelure de l’enfant démentaient une origine espagnole.

Quoi qu’il en fût, la camériste de madame la marquise se plaisait à vanter l’attachement de sa maîtresse pour la jeune femme.

— Ah ! celle-là, disait-elle à tout propos,