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LES BELLES-DE-NUIT.

« Je l’aimais… je l’aimais, je l’aime encore, je l’aimerai toujours !…

« Et à cause de cela, mon exil doit durer autant que ma vie. Je ne reverrai plus la France. Notre père et notre mère mourront sans me donner leur bénédiction… Priez pour moi, René, car je vous ai donné tout mon bonheur… »

Un sanglot souleva la poitrine de Marthe.

— Silence !… dit le maître de Penhoël sans tourner la tête. Toutes ces belles paroles ne l’ont pas empêché de trahir son frère, madame !… Il ment dans cette lettre comme il a menti toute sa vie.

— Il n’a jamais menti !… murmura Marthe.

— Silence !… répéta René ; contentez-vous donc de voir comme on vous aime !… Nous n’avons encore employé qu’une dizaine de minutes et j’ai besoin d’être patient durant toute une heure !… Pleurez, madame, mais pleurez tout bas, au souvenir de cette âme généreuse qui a fait de son frère le plus misérable des hommes !

« … Je ne reviendrai pas, continuait encore la lettre, parce que je me crains moi-même… Peut-être n’aurais-je pas ce qu’il faut de force pour supporter la vue de votre bonheur, car