Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.
151
CHAPITRE III.

lui-même et qu’il faisait un retour sur son propre cœur.

— Oh ! milord, s’écria le jeune peintre en joignant les mains, et tout cela est fini !… J’ai vingt ans, et c’est du passé que je vous parle. Diane !… ma pauvre Diane !… sais-je si je la reverrai jamais ?

Montalt avait les lèvres serrées et appuyait sa tête contre les parois de la voiture. Il était en un de ces moments où l’amertume d’un souvenir lointain semblait raviver et faire saigner de nouveau quelque vieille blessure de son âme.

Étienne ne prenait point garde.

— Vous… vous-même, reprit-il dans son enthousiasme, vous qui niez tout, milord, vous l’auriez aimée comme moi, j’en suis sûr… Que ne puis-je vous la montrer sous les grands ombrages de ce pays enchanté !…

Il ferma les yeux, comme pour la retrouver en un rêve.

— Dix-huit ans !… reprit-il d’une voix plus basse ; un front naïf comme celui d’un enfant, mais qui se redresse parfois orgueilleux et vaillant comme le front d’une reine… Des yeux rieurs où les larmes mettent une tristesse céleste… La taille d’une fée, la voix d’un ange… Et un cœur !… Dites, milord, qu’eussiez-vous fait à ma place ?