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CHAPITRE XVI.

« Donnez-moi des nouvelles de notre père et de notre mère ; dites-moi que Marthe est bien heureuse… »

C’était un dur travail pour la vue troublée de Penhoël que de déchiffrer cette écriture fine et incertaine.

En traçant ces lignes, la main de Louis avait tremblé bien souvent.

Marthe écoutait, immobile et retenant son souffle. L’expression de sa physionomie avait changé complétement. Il semblait qu’un rêve fût venu la bercer. L’angoisse qui contractait ses traits tout à l’heure faisait place à une tristesse douce.

Penhoël était trop occupé pour remarquer cela. Il continuait :

« Je ne sais pas si mon départ vous a surpris, mais je suis bien sûr que vous en aurez éprouvé de la peine : ne m’aimiez-vous pas autant que je vous aimais, mon bon frère ? Si vous n’avez point deviné mon secret, il faut que je vous le dise, comme je vous ai dit toujours ce que j’avais dans le cœur. Cela vous attristera, René, mais je suis seul et je souffre. Laissez-moi vous confier tout mon malheur.

« Et puis notre vénéré père se fatiguera de ne plus me voir. Il accusera d’ingratitude le fils