Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
CHAPITRE III.

avaient de l’élan, et d’ailleurs il était superflu de ménager leur agonie.

Nos deux voyageurs du coupé virent passer lentement le long de la portière le corps jaunâtre et poudreux de la patache ennemie qui prenait décidément l’avance.

Pendant cela, Étienne déclinait ses noms et qualités ; mais Montalt ne l’écoutait plus.

Son regard s’attachait, avide et perçant, à la rotonde de la Concurrence où se montraient, à demi cachées par les bords de leurs chapeaux de paille, deux ravissantes figures de jeunes filles.

— Morbleu !… murmurait Montalt, Dieu sait pourtant que j’en ai vu beaucoup en ma vie !… mais jamais de si délicieuses !

Étienne disait :

— Je n’avais pas de parents… et ma foi, j’acceptai volontiers la proposition de ce gentilhomme breton qui m’appelait pour orner son château… Voilà comment j’ai quitté Paris, milord.

— Laquelle est la plus charmante ?… pensait tout haut Montalt dont les yeux brillaient, ardents et fixes ; mais, Dieu me pardonne ! il me semble qu’elles pleurent, les pauvres enfants…

— J’ai passé là deux ans…, reprenait le jeune peintre qui s’écoutait lui-même et ne prenait point garde à la préoccupation du nabab, deux