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LES BELLES-DE-NUIT.

s’il avait décidément affaire à un maniaque.

L’Anglais avait repris tout de bon son somme interrompu.

On avait eu des chevaux frais à Vitré ; la voiture roulait tant bien que mal sur les confins de la Bretagne et du Maine. À mesure que le temps passait, Étienne reprenait son calme et revenait à ses souvenirs.

Au bout de deux heures, employées par le jeune peintre à rêver et par l’Anglais à dormir, la diligence atteignit un relais.

Tandis qu’on changeait de chevaux, les voyageurs, la tête à la portière, faisaient les questions d’usage :

— Où sommes-nous ici, mon brave ?

— Au bourg de la Gravelle, où finit la Bretagne et où commence la France…

L’Anglais bondit dans son coin et se frotta les yeux.

— Ah !… fit-il en poussant un soupir de soulagement ; enfin !… nous sommes débarrassés de ce maudit pays !…

Il s’adressait à Étienne, qui lui tournait le dos et faisait mine de ne pas l’entendre.

— Monsieur…, reprit-il.

Point de réponse.

— Monsieur…

Nul signe de vie. Étienne trouvait un charme