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LES BELLES-DE-NUIT.

sait contre la muraille et lançait un coup de poing qui envoya le plus gros des bourgeois rouler au milieu du ruisseau.

Aoh !… répéta l’Anglais sur un mode presque joyeux : it is a true gentleman !

Sa tête rentra dans le coupé et l’on entendit un coup de sifflet aigu. Les deux grands noirs parurent comme par enchantement aux portières. Milord prononça quelques mots ; les deux nègres s’élancèrent.

Le conducteur fut repoussé d’un côté, non sans quelque rudesse, et les bourgeois de l’autre ; mais Étienne n’eut pas le temps de se réjouir de cette délivrance inattendue, car l’un des noirs le saisit à bras-le-corps et l’apporta littéralement à son maître.

La foule, battue, applaudit à tout hasard.

— Laissez ce gentleman, dit l’Anglais à son nègre.

Étienne se sentit aussitôt sur ses pieds et libre.

— Monsieur, lui dit l’Anglais dont la voix s’adoucit jusqu’à devenir courtoise, un peu plus de prudence dans la garde et vous boxeriez comme Colburn, pardieu !… Voulez-vous me permettre une question ?

— Faites…, répondit Étienne.

— Êtes-vous Breton ?

— Non, milord.