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CHAPITRE PREMIER.

Les mendiants retroussaient les manches de leurs chemises noirâtres ; les bourgeois eux-mêmes prenaient des poses belliqueuses. Il n’y avait là personne qui n’eût la généreuse velléité de faire un peu le coup de poing pour un homme dont les poches étaient si bien garnies.

Étienne avait l’air bien résolu à subir toutes les conséquences de son équipée. Il avait déposé à terre son petit paquet, et regardait en face la foule menaçante.

L’Anglais remit sa tête à la portière, et cette fois, sa physionomie exprimait de l’impatience et de la mauvaise humeur.

— Eh bien !… dit-il avec un fort accent britannique, cela va-t-il finir ?

Ce fut comme un signal ; le conducteur et le postillon d’un côté, la foule de l’autre, se ruèrent en même temps sur Étienne. Celui-ci se défendit vaillamment, et, malgré l’inégalité de la lutte, il réussit, durant deux ou trois secondes, à tenir ses nombreux adversaires à distance.

La figure de milord s’éclaira.

Aoh !… fit-il en modulant sur trois notes étranges cette fameuse exclamation que Beaumarchais ne connaissait pas quand il a fait du mot goddam le fond de la langue anglaise.

En ce moment, Étienne, poussé à bout, s’ados-