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LES BELLES-DE-NUIT.

milord a-t-il besoin de trois places pour lui tout seul ?

À cette dernière apostrophe, on vit se pencher à la portière du coupé la belle et froide figure de l’Anglais. Durant une ou deux secondes, l’Anglais examina d’un air profondément indifférent notre jeune peintre qui gesticulait au devant de la voiture.

Puis l’Anglais bâilla et remit sa tête au coin rembourré du coupé.

— Faudra-t-il que je descende ?… s’écria le conducteur en colère. Puisqu’il vous faut une place, mon joli garçon, si vous ne vous rangez pas à l’instant même, je vais vous en procurer une au bureau de police, moi !

— Qu’est-ce qu’il y a donc ?… qu’est-ce qu’il y a donc ? demandèrent à la fois gueux et badauds qui avaient enfin gagné la rue.

Le conducteur répondit en mettant pied à terre :

— C’est cet olibrius qui veut prendre les places de milord !

— Les places de milord !… cria la foule indignée ; on va lui en faire voir de drôles à ce petit-là !

— Qui m’a donné un vagabond pareil ?

— Postillon, un coup de fouet ! Sanglez-lui proprement la figure !…