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CHAPITRE PREMIER.

Vous auriez mieux fait de mettre le chien sur l’impériale.

Au beau milieu de ces caquetages croisés, le silence se fit tout à coup. La porte de l’hôtel de France venait de s’ouvrir, et les deux grands nègres de l’Anglais se montraient sur le seuil.

— Beaux brins d’hommes, ma foi ! murmura la nourrice.

C’étaient en effet des noirs magnifiques, vêtus d’une riche livrée et coiffés de turbans blancs, qui faisaient ressortir l’ébène luisante de leur peau.

Ils traversèrent la cour sans s’occuper de tous ces regards fixés sur eux avidement, et déposèrent dans le coupé un manteau, un châle de cachemire et un coussin de fourrure de toute beauté.

— Avec ça, dit l’un des hommes à moustaches et à pipes de l’impériale, le milord ne gagnera pas la coqueluche !

Le petit étudiant, philosophe par nécessité, lançait au riche manteau et à la belle fourrure des regards de mépris stoïque.

Les deux noirs s’en allèrent en silence, comme ils étaient venus, et l’Anglais parut, à son tour, sur la porte de l’hôtel.

C’était un homme d’aspect noble et véritablement remarquable. Cette épithète d’original,