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inquiétude. Il leur semblait voir dans ses yeux une sorte d’égarement.

Elle contemplait toujours Blanche, mais froidement, comme si elle n’eût point su ce qu’elle faisait.

— Votre vie, dit-elle enfin d’une voix changée, votre sang et votre bonheur !… Tout pour elle !… Pourquoi cela ?…

— Parce qu’elle est votre fille…, murmura Cyprienne.

— Ma fille !… répéta Marthe qui semblait ne plus comprendre.

— Parce qu’elle est adorée, ajouta Diane tristement, et qu’on ne nous aime pas !…

Marthe jeta sur elles tour à tour un regard si étrange et si brûlant, que les deux jeunes filles tressaillirent jusqu’au fond de l’âme.

— On ne vous aime pas ?… prononça Marthe d’un accent plaintif et doux : c’est vrai ! pauvres enfants, on ne vous aime pas !…

Un sourire indéfinissable vint se jouer autour de sa lèvre. Elle les attira vers elle d’abord tout doucement ; puis, d’un geste plein de véhémente passion, elle les pressa toutes deux contre sa poitrine haletante.

— Oh !… oh !… fit-elle en couvrant de baisers leurs fronts unis.

Puis, sa voix éclatant malgré elle :