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romance ; la troisième, mademoiselle Héloïse, attaquait, toujours avec la guitare, le grand morceau de caractère.

À cause de cela, le jeune M. de Pontalès, à qui tout était permis parce qu’il était l’héritier de son père, les avait surnommées en masse les trois Grâces, et en détail l’Ariette, la Romance, et la Cavatine.

Elles avaient un petit frère, M. Numa Babouin-des-Roseaux-de-l’Étang, qui se tenait un peu à l’ombre de leur gloire, mais qui, néanmoins, passait pour un fort agréable joueur de reversi.

Quand Madame, aidée de l’oncle Jean, eut emmené Blanche, l’imposante réunion se rassit. Ses membres se regardèrent durant quelques secondes en silence.

— Voilà déjà deux fois que la pauvre petite demoiselle se trouve mal aujourd’hui !… dit le père Chauvette, qui seul, parmi tout ce monde aigre et roide, représentait l’élément charitable.

— Je ne voudrais rien dire d’inconvenant, murmura madame Claire Lebinihic, mais c’est tout à fait comme cela que j’étais la première année de mon mariage.

Les trois Grâces baissèrent les yeux. Les trois vicomtes eurent un sourire très-égrillard.

— Avez-vous remarqué, reprit l’adjoint, chevalier de Kerbichel, hobereau taillé en Hercule