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faut que je veille sur elle… et je n’ai pas le temps de rester avec vous !…

Avant de se relever, elle toucha de ses lèvres la terre humide qui recouvrait les deux tombes.

— Au revoir !… murmura-t-elle, je reviendrai demain.

Elle sortit du cimetière. Tandis qu’elle reprenait la route parcourue, le vent, qui gagnait à chaque instant en violence, la frappait au visage. Au bout de quelques minutes, l’espèce de voile qui était sur son esprit se déchira. Durant l’heure qui venait de s’écouler, elle avait agi et parlé comme en un rêve. Maintenant elle se retrouvait tout à coup en face de la réalité ; la pensée de sa fille envahissait de nouveau son cœur.

Elle n’avait pas tout perdu, puisque Blanche lui restait, Blanche son cher trésor !…

Si on lui eût rappelé l’amertume récente de ses paroles, alors qu’elle s’agenouillait entre les deux tombes, Marthe n’y aurait point voulu croire.

Reprocher à l’enfant adorée l’amour qu’on lui prodiguait, n’était-ce pas un blasphème ? Marthe pressait le pas.

Elle se disait que l’Ange se serait peut-être réveillée durant son absence, et qu’elle aurait appelé en vain.

Elle se voyait d’avance rentrant dans la cham-