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— Je vous aimais !… poursuivit-elle en faisant signe de presser contre son cœur une personne chère ; Dieu le savait… Dieu voyait mes larmes et connaissait mon martyre !… Oh ! vous ne souffriez pas seules, pauvres enfants !… Et maintenant que vous êtes des saintes dans le ciel, priez pour moi qui reste après vous à souffrir !…

Elle n’avait plus de voix. Le silence régna dans le cimetière.

Quand Marthe reprit la parole, son accent était doux et tout plein de caresses.

— Dieu est bon…, dit-elle ; je sens bien que je ne serai pas longtemps sans vous revoir… Que de baisers quand nous serons toutes ensemble ! Je ne me cacherai plus… Je vous montrerai mon âme… Nous aimer !  !… nous aimer !… ce sera notre joie dans le paradis !

Elle tressaillit et releva tout à coup sa taille affaissée.

— Blanche !… dit-elle, comme si une voix eût murmuré ce nom à son oreille ; c’est vrai… je l’avais oubliée…

Puis elle ajouta avec amertume :

— Toujours elle entre vous et moi… Toujours !… Et vous l’aimiez, pauvres martyres, cette enfant heureuse qui vous prenait ma tendresse… Blanche !… oui, je suis sa mère… il