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alors un enfant… S’il n’a pas changé, que Dieu nous garde de le rencontrer jamais face à face !…

— Bah !… s’écria Blaise, est-il donc assez fort pour nous faire peur avec son ombre ?… Vous voilà tout déconcertés d’avance ! C’est peut-être un faux bruit… Si l’homme en question était de retour, et qu’il fût aussi terrible que vous le dites, nous aurait-il laissés poursuivre paisiblement notre besogne ?… Allons, messieurs, j’ai mes petits intérêts dans l’affaire… Ma voix compte au chapitre, bien que je sois votre humble valet… Vous avez trop tardé ; il faut réparer d’un seul coup le temps perdu !

— Nous avons devancé votre conseil, ami Blaise, répondit Robert. Dans quelques minutes, M. de Pontalès sera propriétaire du manoir de Penhoël.

— Vous avez la signature ?

— Nous l’attendons.

Blaise se frotta les mains.

— Bien joué, cette fois ! s’écria-t-il, le meilleur levier ne peut pas grand chose sans point d’appui… Une fois que Penhoël n’aura plus chez nous un pouce de terre, les paysans réfléchiront… Pour un gentilhomme à moitié ruiné, on se dévoue encore… Mais pour un mendiant…