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eût cherché à saisir un son faible et lointain.

— Écoutez !… répéta-t-il pour la troisième fois, n’entendez-vous pas qu’on parle de vous là-haut, sous la Tour-du-Cadet ?

Les deux sœurs le regardèrent étonnées. La distance qui séparait la loge de la tour était telle qu’il eût fallu crier bien fort pour se faire entendre de l’une à l’autre.

— Ils sont là !… poursuivit cependant Benoît, les assassins lâches et avides !… Fuyez !… fuyez, mes filles !… Il en est temps encore !

Et comme Cyprienne et Diane restaient immobiles, Benoît poursuivit lentement :

— Ils sont là, vous dis-je !… Si vous ne voulez pas fuir, allez du moins apprendre le sort qu’ils vous réservent !…

Il y avait dans l’accent du passeur une conviction si profonde que Cyprienne et Diane ne songèrent plus à la distance qui les séparait de la tour.

Elles s’élancèrent au dehors comme s’il leur eût suffi de sortir pour entendre ces voix qui prononçaient leur arrêt.

Au dehors, le silence régnait. L’atmosphère pesante laissait immobile le feuillage du taillis. Les deux sœurs commencèrent à gravir le sentier à pic qui conduisait à la Tour-du-Cadet.

Elles ne se rendaient nul compte de leur