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Cyprienne mit sa tête sur le sein de Diane, qui la pressa en silence contre son cœur.

— Après cela, poursuivit Benoît Haligan, l’esprit du mal sera maître au manoir… Pauvre Marthe !… comme je la vois pleurer en appelant sa fille !…

— Blanche aussi !… dit Diane qui n’avait point pleuré sur elle-même et qui eut une larme pour le sort de l’Ange.

— Et Penhoël !… s’écria le passeur en agitant les mèches mêlées de sa chevelure, et Penhoël… Oh ! qui donc va-t-il tuer ?…

Les yeux du vieillard devinrent sanglants, et sa voix s’embarrassa dans sa gorge.

— Penhoël !… reprit-il en cherchant un fantôme dans le vide, pitié !… c’est votre frère !…

Ses bras retombèrent sur la couverture.

— Je l’avais dit… poursuivit-il avec épuisement, son corps et son âme !…

Il s’affaissa lourdement et ne parla plus.

Cyprienne et Diane restaient frappées de terreur.

Durant quelques minutes un silence lugubre régna dans la loge ; puis une étincelle sembla se rallumer dans l’œil éteint du vieillard.

— Écoutez… dit-il d’une voix brève et basse. Écoutez !…

Son geste commandait le silence, comme s’il