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savais que vous viendriez encore aujourd’hui… mais demain…

Il s’arrêta.

— Nous vous promettons de venir… voulut dire Diane.

Le passeur se souleva lentement et avec effort ; il parvint à se mettre sur son séant.

— Approchez ici toutes deux, poursuivit-il d’une voix plus lente et toute pleine d’émotion ; que je vous voie encore une fois, ma belle Diane… et vous, ma jolie Cyprienne… douces fleurs du manoir !… Oh ! oui, si l’aîné de Penhoël était revenu, le vieux sang aurait eu encore de beaux jours !… Mais il tarde… il tarde !… Je crois que Dieu ne veut pas !…

Il rejeta en arrière ses grands cheveux gris. Ses yeux commençaient à briller au milieu de sa face pâle, sillonnée de rides profondes.

Les deux sœurs l’écoutaient avec une attention émue.

— Je vois bien des choses ! poursuivit encore le vieillard. Pourquoi faut-il que ma volonté soit stérile ? Enfants, si vous ne venez plus, demain je serai seul… car tout le monde a délaissé mon lit de souffrance… Dieu m’aura pris ma dernière joie sur la terre !

— Mais nous viendrons, interrompit Diane.

Et Cyprienne ajouta en essayant de sourire :