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— En te voyant garder le silence, dit Cyprienne, j’ai pensé que tu n’avais pas réussi.

— Je n’ai pas échoué… Maître le Hivain était à son bureau… Je crois savoir dans quel casier de son secrétaire sont les papiers qui peuvent perdre Penhoël.

— Alors, il faut y retourner ce soir ; car je sais, moi, qu’ils redoublent d’obsession auprès de Penhoël, et que c’est tout au plus s’il pourra résister un jour encore !…

— J’y retournerai, dit Diane.

— Pas toi !… s’écria vivement Cyprienne ; c’est à mon tour !

— Puisque je sais où sont les papiers…

Cyprienne appuya sa joue contre l’épaule de sa sœur, et reprit à voix basse :

— Crois-tu donc que je ne t’ai pas devinée ?… Il y a là un danger plus grand que de coutume… et tu veux encore l’affronter toute seule !… C’est toi qui penses pour nous deux, ma sœur… Dans la guerre que nous faisons, je ne suis qu’un soldat, et tu es le capitaine… Laisse-moi au moins ma part de travail !

La tête de Diane qui s’inclinait pensive, se redressa en ce moment, et sa voix prit un accent de gaieté.

— Soit ! dit-elle, mon petit soldat !… Tu pousseras ce soir une reconnaissance jusque