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à les contempler si jolies, et une mystérieuse émotion semblait monter de son cœur à son visage. Diane et Cyprienne comptaient chèrement ces heures, où le baiser de Madame s’appuyait sur leurs fronts, long et doux, presque maternel…

Hélas ! ces heures étaient lentes à revenir ! Madame semblait regretter ses caresses, comme si on lui eût dérobé par surprise une part de l’amour passionné qu’elle portait à sa fille.

Diane et Cyprienne, loin d’être jalouses, étendaient à Blanche, leur cousine, le tendre dévouement qu’elles portaient à Madame…

Tout en causant et en riant, le petit groupe composé des deux sœurs et de Roger de Launoy prenait grand soin de ne pas faire de bruit et respectait le sommeil de l’Ange. De temps en temps Roger se penchait pour baiser la main de Madame, dont il était le favori. Un peu de mélancolie venait attrister le sourire des deux jeunes filles, qui se sentaient moins aimées et qui n’osaient pas demander la même faveur…

Autour du tapis vert, le boston de Fontainebleau allait son train paisible et ne nuisait en rien à la conversation.

— Prussiens !… Prussiens ! disait maître le Hivain, l’homme de loi, pourquoi seraient-ils Prussiens ?