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traits d’une finesse extrême dont l’ensemble indiquait une gaieté mutine. Les yeux de Diane étaient d’un bleu obscur. Il y avait sur son jeune visage quelque chose de pensif et à la fois d’intrépide. Quand sa physionomie, plus sérieuse que celle de sa sœur, s’éclairait tout à coup par le sourire, c’était comme le ciel ouvert…

On ne voyait jamais l’une des sœurs sans que l’autre fût bien près. L’amour des bonnes gens de la contrée ne les séparait point, et il semblait à tous que la rencontre des deux jeunes filles présageait du bonheur. Leurs caractères différaient et se ressemblaient comme leurs visages, mais elles n’avaient, à deux, qu’un seul cœur.

Elles étaient la gaieté de la maison de Penhoël. Leurs innocentes et vives joies combattaient la monotone tristesse du manoir.

Ce qu’elles aimaient le plus au monde avec leur père le bon oncle Jean, c’était Madame ; pour Madame toute seule, elles domptaient la pétulance de leur nature. Elles auraient passé leur vie heureuse à servir Madame et à l’adorer.

Marthe de Penhoël, si bonne pour tout le monde, était, chose étrange, sévère et froide vis-à-vis des deux sœurs, à genoux devant elle. On eût dit souvent qu’elle s’impatientait de leur caressante tendresse. D’autres fois, il est vrai, mais bien rarement, son œil s’attendrissait