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les petits flots tranquilles qui clapotaient doucement à l’arrivoir éloignaient jusqu’à l’idée du danger.

Cependant, une personne du pays même et connaissant les coutumes des alentours aurait senti d’instinct l’approche d’une crise imminente.

Le marais restait, en effet, bien plus silencieux que d’habitude à cette heure. Les bestiaux étaient évidemment rentrés et Dieu sait que d’ordinaire les petits chevaux bretons ne craignent point de passer les nuits d’automne à la belle étoile. Ce soir, le marais était une solitude.

Un autre symptôme d’alarme non moins significatif se présentait sous l’espèce d’une petite lueur, brillant, parmi les châtaigniers, devant la cabane du passeur.

Ce n’était pas Benoît Haligan, batelier de Port-Corbeau, qui eût allumé ainsi sans nécessité une lanterne à sa porte.

À part cette lueur, on n’apercevait absolument rien dans la campagne, et pour rencontrer une autre lumière, il fallait que le regard s’élevât jusqu’au faîte de la colline, où brillaient faiblement les fenêtres du manoir…

Au manoir, la famille de Penhoël était rassemblée dans un salon d’assez vaste étendue,