Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/255

Cette page a été validée par deux contributeurs.

voile. La province n’y prend point tant de façons ; elle va bonnement son chemin, et voici ce qui arrive : si le vice est pauvre, on l’écrase ; si le vice est riche, on l’accepte.

Point de milieu ! La province ne sait ni fermer les yeux ni tourner la tête. Elle voit tout, parce que son œil curieux se colle au trou des serrures. Quand elle a vu, elle compte. Suivant le résultat du calcul, elle va lever le pied pour écraser le coupable, ou courber la tête pour le saluer jusqu’à terre.

René de Penhoël était riche ; il avait droit de scandale. Parmi les quelques hobereaux indigents et les quelques bourgeois, composant la société du pays, personne n’ignorait sa conduite ; et pourtant, personne ne songeait à l’excommunier. On allait chez lui, on se faisait même grand honneur de ses invitations ; mais pour moitié moins, on eût lapidé un pauvre diable.

Seulement, comme certains bruits commençaient à courir dans les environs, attaquant, non plus la réputation de Penhoël, mais l’état de sa fortune, la société, tout en gardant de prudents dehors de respect, le déchirait tout bas à belles dents.

C’était un acquit de conscience. La partie sage de l’assemblée, les maris graves, les dames décidément trop lourdes pour danser encore et