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prix de la course, le prix du tir et encore le prix de la barre, ah ! personne n’avait oublié cela :

— Tiens, papa Géraud, le mouchoir de cou est pour ta femme ! Mathurin, tu es le plus pauvre, à toi le mouton !

Et la bourse brodée de laine rouge à l’un ; et à l’autre, l’épinglette d’acier avec ses belles touffes de soie !…

Oh ! le cher jeune monsieur !…

À mesure qu’on parlait, le groupe devenait plus nombreux. Quelques ménagères s’approchaient ; elles avaient peut-être, elles aussi, leurs souvenirs. Les jeunes gens venaient écouter les récits des vieillards. Et quand le père Géraud, l’œil humide et la voix tremblante, levait son verre à la mémoire de Louis de Penhoël, les jeunes gens demandaient :

— M. Louis avait-il donc le poignet plus vigoureux que Vincent ? le pied plus alerte, la main plus sûre, le cœur plus généreux ?…

Hélas ! Vincent aussi avait quitté la maison de son père. On disait qu’il était parti pour se faire matelot sur un bâtiment du roi. Matelot, comme le fils d’un pauvre homme, Vincent, le propre neveu du commandant de Penhoël !

On avait beau fermer les yeux et vouloir douter, il y avait comme un malheur autour de cette famille aimée. René de Penhoël restait bien au