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graves métayers, présidé par le père Géraud, aubergiste de Redon, parlait de M. Louis sans se lasser, avec ce mélancolique bonheur des gens qui aiment et qui regrettent.

Là, pas une voix qui ne fût émue en prononçant le nom de l’aîné de Penhoël.

Chacun recueillait ses souvenirs : on rappelait une anecdote cent fois racontée, un trait de courage, une preuve de bon cœur, une joyeuse étourderie…

C’était la Saint-Louis. Ce jour appartenait à Penhoël, bien avant que le roi de France eût repris son trône. Depuis dix-huit ans que le jeune monsieur était parti, ce jour était consacré tout entier à son souvenir. Les vieux marins qui avaient servi sous le commandant, les anciens compagnons de M. Louis se réunissaient tous les ans pour parler du bon temps passé.

Quel fier chasseur ! On connaissait le son de sa trompe tout le long du marais, jusqu’au confluent de l’Oust et de la Vilaine. Il courait mieux que les gars de Saint-Vincent ! À la lutte, il faisait plier les reins des glorieux de Saint-Pern et de Questemberg ! C’était lui qui lançait la barre le plus haut et le plus loin, lui toujours ! Au papegault, c’était la balle de son beau fusil qui allait se ficher sur le clou !

Et quand il avait gagné le prix de la lutte, le