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Le nabab retrouva son sourire et tendit une bourse à Vincent avec toutes les marques d’une franche satisfaction.

— À la bonne heure ! murmura-t-il.

Vincent, dont la rougeur devenait de plus en plus épaisse, prit la bourse qui contenait une trentaine de souverains, et fit glisser dans sa main six pièces d’or.

— Si vous voulez me dire où vous allez, murmura-t-il, j’acquitterai cette dette le plus tôt possible.

Montalt fronça le sourcil.

Et comme Vincent lui tendait toujours le restant de la bourse, il s’écria en frappant du pied :

— Ne pouvez-vous prendre le tout ?…

— Si vous le permettez, dit Vincent, je prendrai encore une livre pour le voyage.

— Le tout !… le tout !… le tout !… répéta par trois fois le nabab avec colère.

— Non…, dit Vincent qui posa la bourse sur une table ; je ne pourrais pas vous le rendre.

Montalt saisit la bourse avec violence et la lança dans la mer à travers le carreau d’un sabord.

— Ah !… fit-il amèrement, vous êtes un Breton et vous êtes un gentilhomme, M. Vincent ! c’est bien cela, pardieu !… et je vous reconnais, quoique j’aie eu la chance de ne pas rencontrer