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Montalt lui imposa silence d’un geste brusque et froid, puis il se dirigea vers sa cabine en donnant l’ordre qu’on lui amenât le jeune matelot.

On avait décoré avec un luxe exquis l’appartement que devait occuper le nabab durant la traversée. Au milieu d’un petit salon, parfumé selon la coutume asiatique, et tendu de soie du haut en bas, comme ces coffrets mignons destinés à renfermer les objets précieux, il y avait une femme jeune et belle, couchée, elle aussi, sur des coussins, et qui semblait rêver tristement. À l’entrée de Montalt, elle appela sur ses lèvres un sourire qui, malgré elle, s’imprégna de mélancolie.

— Enfin !… murmura-t-elle ; je ne vous ai pas vu de tout le jour, Berry !… et je suis bien malheureuse quand je ne vous vois pas.

Montalt la baisa au front, et au moment où la jeune femme rougissait de plaisir, il dit froidement :

— Je veux être seul, Mirze, laissez-moi.

La pauvre Mirze courba la tête et se retira, obéissante.

Seïd introduisait en ce moment le jeune matelot breton.

Celui-ci avait rejeté en arrière les mèches mouillées de sa chevelure. On découvrait main-