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sir au moins, et parfois une espérance !…

Il y avait autour de ses lèvres un sourire amer.

Les matelots disaient :

— C’est trop heureux !… ça ne sait pas ce que ça veut !…

— Rien !… poursuivait Montalt, c’est la vie !… et qu’y a-t-il après la mort ?…

Il rouvrit les yeux et vit Seïd qui attendait ses ordres.

— Appelle le capitaine, dit-il.

Seïd obéit silencieusement comme toujours.

Le capitaine s’avança le chapeau à la main.

— Où sommes-nous ? demanda Montalt.

— Sur la côte du Finistère, s’il plaît à Votre Seigneurie, milord, répondit l’Anglais avec respect.

— La Bretagne !… gronda Montalt ; encore la Bretagne !… Nous verrons donc toujours ce haïssable pays !…

Le capitaine était un bon vivant, un de ces Anglais doux, patients, flegmatiques, entêtés, qui se rencontrent parfois, et dont le commerce facile contraste avec la repoussante humeur du Saxon de sang pur. Il n’était pas fâché de causer un peu avec son passager millionnaire.

— Avec la permission de Votre Seigneurie, répondit-il, nous verrons les côtes de Bretagne