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de l’horizon ; l’air était tiède, le ciel limpide. L’œil de Montalt se perdit bientôt de nouveau dans le vide.

On avait doublé Ouessant, et l’île de Molène montrait, au sud-est, sa côte rocheuse. Le nabab repoussa le tuyau de sa pipe et fit un geste de fatigue.

— C’est long !… murmura-t-il en se parlant à lui-même ; et il n’y a rien au bout du voyage !…

Sa tête s’enfonça dans l’édredon des coussins, et ses yeux se fermèrent.

— Seïd !… dit-il.

Le noir qui tenait l’éventail se dressa sur ses pieds et demeura immobile aux côtés de son maître.

— Va me chercher Mirze, reprit le nabab sans ouvrir les yeux.

Seïd s’élança vers l’escalier conduisant aux cabines.

Ses pieds nus effleuraient à peine le parquet brillant du pont.

Au moment où il atteignait l’écoutille, la voix du nabab s’éleva de nouveau.

— Seïd !…

Le noir revint, docile.

Montalt murmurait :

— Que lui dirai-je ?… Je ne l’aime pas… Oh ! ceux qu’on nomme les malheureux ont un dé-