Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ah !… fit-on avec contentement autour de la table.

— Permettez !… je n’en suis pas beaucoup plus riche… Ma valise et tous les papiers qu’elle contenait sont maintenant bien loin si votre infernale rivière a continué de courir le même train…

— C’est vrai !… le déris !… murmura l’assemblée qui prenait au récit et à l’homme un intérêt de plus en plus vif.

Les deux charmantes filles de l’oncle Jean oubliaient de manger pour le regarder. Elles écoutaient, bouche béante, et ne détachaient point de l’étranger leurs yeux hardis à force de candeur. Elles éprouvaient au même degré toutes les deux un sentiment étrange et nouveau. Une corde, qui était restée muette jusque-là, vibrait énergiquement au fond de leur âme. Un horizon inconnu s’élargissait tout à coup au-devant d’elles.

On eût dit qu’elles entrevoyaient le monde…

Au nom de Paris, elles avaient échangé un rapide regard, et un éclair s’était allumé dans leurs prunelles.

Blanche, timide enfant, se cachait à demi derrière sa mère et regardait à la dérobée. Roger admirait de tout son cœur ; il n’avait jamais rien vu de comparable à ce brillant cavalier,