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de Penhoël et Madame, sut gré à Robert de ce bon mouvement. Ce n’était pas seulement un homme d’une distinction rare, c’était encore un généreux cœur.

On éprouve un plaisir véritable à découvrir ainsi des qualités sérieuses chez l’homme qui a su plaire au premier aspect. Les jeunes filles et Madame remercièrent l’étranger du regard, et Blaise reconnaissant gagna l’office.

Le souper durait depuis vingt minutes, et il y avait bien une heure que Robert était entré à Penhoël ; néanmoins, et malgré cette circonstance que Robert avait parlé, dans le bateau, d’une mission dont il était chargé pour le maître du manoir, aucune question ne lui avait été adressée.

C’était, à coup sûr, de la fine fleur d’hospitalité. Mais Robert ne l’appréciait point. Il eût préféré un empressement indiscret et curieux, parce qu’il avait son histoire toute prête.

Voyant, cependant, que la question ne venait point, il se résigna à prendre la parole.

— Vicomte, dit-il en tendant la main au maître de Penhoël avec un laisser-aller tout aimable, il ne me convient pas de me prévaloir de votre réserve, et je veux que vous sachiez, à tout le moins, le nom de l’hôte que le hasard vous envoie… Je m’appelle Robert de Blois.