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— Je n’ai fait que mon devoir, répliqua le maître de Penhoël.

— Ce n’était pas ainsi que l’entendait votre sombre pilote ! reprit Robert en souriant.

— Benoît Haligan est un digne cœur ! dit Madame ; il a sauvé bien des malheureux en danger de mort… mais son esprit est faible… et nos campagnes ont des préjugés un peu sauvages…

Robert s’inclina respectueusement.

— C’est un pays heureux et béni, madame, murmura-t-il, que celui où Dieu a mis dans le cœur des puissants le remède à l’ignorance du pauvre…

Bien que nous ayons vu Robert en parfait compagnonnage avec le gros Blaise et Bibandier, il n’avait pas été sans fréquenter probablement meilleure compagnie ; car, à l’occasion, il savait prendre des manières élégantes et courtoises. Peut-être, dans un de ces salons modèles qui font la gloire de nos aristocratiques faubourgs, les habiles eussent-ils distingué quelques taches légères dans son jeu : nous disons peut-être mais à Penhoël, son ton semblait exquis, et à chacune de ses paroles haussait, en quelque sorte, le piédestal de sa supériorité.

Si quelqu’un éprouvait un peu de gêne, ce n’était pas lui assurément, mais bien le maître de Penhoël.