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avait abondance de mets. Aux quatre coins, de hautes et belles cruches en faïence brune, pleines de cidre nouveau, avaient encore leur couronne de mousse.

Le bénédicité avait été prononcé par Madame ; les assiettes étaient pleines ; on mangeait d’excellent appétit.

Robert de Blois s’asseyait à la droite du maître de Penhoël ; il avait à sa gauche Madame, qui, dans les jours froids de l’hiver, abandonnait volontiers son poste d’honneur au centre de la table pour se rapprocher de la cheminée.

Derrière Robert, se tenait Blaise, à qui l’on avait donné, comme à son maître, un habillement sec.

L’Endormeur faisait son apprentissage de valet de chambre. Il y allait de bon cœur, et se trouvait assurément mieux là qu’entre les branches de son saule. Néanmoins son œil comptait avec mélancolie les excellents morceaux dévorés par Robert.

Il se demandait peut-être si c’était un présage, et si, en toutes choses, lui, Blaise, à cause de la position qu’il avait acceptée, ne serait point contraint à vivre sur les restes de Robert…

Celui-ci, tout en mangeant d’un merveilleux appétit, employait son temps le mieux qu’il pouvait.